L’épopée d’une collection

Jean-Marie Gauvreau, premier diplômé canadien de la célèbre École Boulle à Paris, reçut en 1930 le mandat d’organiser un cours d’ébénisterie à l’École technique de Montréal. Ce qu’il découvre au Québec le navre. Où sont passés les savoir-faire d’antan?

Cinq ans plus tard, sous l’impulsion de Gauvreau, l’École technique de Montréal devient l’École du meuble. Cette institution jouera un rôle essentiel dans l’émergence et la reconnaissance des métiers d’art du Québec.

Toujours dans l’optique de préserver ce patrimoine, il fonde en 1940 le Musée de l’École du meuble. Son objectif : rassembler une collection didactique vouée aux métiers d’art. Des objets issus de la tradition canadienne-française tout comme d’Europe et des États-Unis, du 17e siècle au début du 20e.

Il correspond fréquemment avec Marius Barbeau, fondateur de l’anthropologie canadienne et québécoise. Ce dernier lui vend souvent des pièces qu’il a lui-même amassées, dont des textiles de Charlevoix notamment.

À la fondation des Cégeps, en 1967, la collection devient propriété du Ministère de l’Éducation. L’École du meuble (devenue l’Institut des Arts appliqués en 1958) est maintenant sous l’autorité du Cégep du Vieux-Montréal. Ses composantes sont divisées en autant d’écoles techniques : textile, céramique, ébénisterie, etc.

Lors d’un purgatoire (de 1967 à 1985) où la collection fut utilisée en partie pour l’Expo 67, les pièces furent entreposées dans de mauvaises conditions au pavillon Hélène-de-Champlain ainsi qu’au pavillon du pont Jacques-Cartier. En 1985, la collection est déposée au Musée des arts décoratifs (aujourd’hui le Musée du château Dufresne) pour un contrat de 10 ans. En 1987, Luc D’Iberville Moreau s’entend avec Gérard Lavallée et la collection est transportée au Musée d’art de Saint-Laurent.

Enfin, en 2005, le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Science du Québec consent à donner la collection au Musée des maîtres et artisans du Québec — aujourd’hui le MUMAQ.